Next step. (Barbara)

« Next Step »

La période des partiels approchait de plus en plus, en Avril on aurait des vacances nous permettant officiellement de réviser, mais si je charbonnais autant en ce moment niveau révision c’est parce que je savais parfaitement que je n’aurais pas beaucoup de temps à leur consacrer. Entre la date butoire pour rendre le mémoire, mon travail à la bibliothèque, mes compétences en programmation que je faisais évoluer en autodidacte, et les patrouilles je n’étais pas certaine de pouvoir vraiment me dégager du temps pour les révisions. Heureusement, je savais m’organiser pour ne pas finir submerger en temps réel. C’était d’ailleurs la raison pour laquelle je savais qu’il n’y aurait pas de places pour les révisions dans mon emploi du temps des vacances, puisque la partie “patrouille” allait prendre une place plus importante que ces derniers temps. Je savais que je n’étais pas seule, et j’avais pu expérimenter de mes propres yeux la vastitude du multivers en faisant la rencontre d’une Supergirl qui n’était pas la même que celle de notre universe, ainsi qu’un Jason bien plus âgé que l’adolescent dont j’avais l’habitude. Et puis je m’étais vue moi-même dans une version beaucoup moins sympa ce qui quelque part n’était pas vraiment pour me rassurer, mais histoire de faire une balance entre ma vie de justicière et ma vie d’étudiante, je laissais aux autres le soin de chasser les criminels à ma place de temps en temps. Surtout que j’avais retrouvé Dick, première personne de mon univers et de mon entourage. Avec mon meilleur ami dehors pour patrouiller, j’étais un peu plus tranquille.

Aujourd’hui, cependant j’avais rendez-vous avec l’agent “rayon de soleil” comme je le surnommais. C’était l’agent du TVA qui m’avait expliqué ce que je devais savoir entre la malédiction et le multivers quand je m’étais réveillé, ainsi que celui à qui j’avais transmis les noms de mes proches au cas où. Même si j’avais eu droit à la fameuse explication “s’ils sont encore maudits, on ne peut pas les retrouver.” N’ayant toujours aucune nouvelle de mon père, Jason ou Bruce, je supposais qu’ils entraient pour l’instant dans cette catégorie. Si Dick et moi étions là, alors il n’y avait aucune raison pour qu'ils aient disparu en même temps que notre univers. Il était également possible qu'ils se soient réveillés et ne se soient pas fait connaître, ce serait bien un truc que Bruce pourrait faire par exemple.

Pour l’instant, c’était mieux de me concentrer sur ma vie d’étudiante. Mettre en pause mes activités de justicière de temps en temps permettait également de paraître moins suspecte, le fait que ma vie soit étalée entre les planches d’un comics me faisait toujours aussi froid dans le dos, entre les mains de tarés comme le Joker ça pouvait être une arme redoutable et je ne voulais pas y penser, alors pendant quelques temps, je faisais profil bas comme là, en ce moment. Si je voulais pouvoir assurer pendant la période des vacances, il fallait que Batgirl et Barbara Gordon demeurent deux entités fondamentalement différentes, l’une était une justicière et l’autre une étudiante normale. Peut-être devrais-je accepter d’aller boire un coup avec mes camarades de promos comme ils me tanaient pour le faire depuis des mois, l’idée n’était pas mauvaise, après tout j’avais aussi le droit de me détendre et de ne pas toujours être sur le qui-vive. Si combattre le crime faisait partie de qui j’étais, j’aspirais aussi à une vie plus tranquille.

Les cours terminés, et la date de sortie fixée pour le lendemain avec mes camarades de promos, je me dirigeais vers le point de rendez-vous. Je haussais un sourcil à l’appellation “Barbie”, avant de me souvenir que la poupée avait été nommée ainsi parce que c’était le surnom de Barbara, encore une des choses qui avaient été apprises en vivant ici, même si oui effectivement il devait réellement existé des Barbie ici, et que je n’étais pas certaine qu’elles apprécient me voir appelés comme ça :

- C’est Babs, corrigeais-je. Mon surnom. Si vous voulez l’utiliser, c’est mieux de prendre le bon plutôt que d'offenser les personnes qui sont vraiment des “Barbies”.

Par moment, il me faisait penser à Bullock dans sa manière d’agir ainsi qu’en termes de caractère. J’aurais pu effectuer une comparaison avec Bruce également qui n’était pas vraiment le type le plus fun de la terre, mais lui il était plutôt à rentrer dans la catégorie “taciturne”. Ce que n’était pas l’agent rayon de soleil, lui c’était plutôt bourru à tendance malaimable, un peu comme le chocolatier d’ailleurs. D’une manière générale, je ne m’en formalisais pas et je ne pouvais pas dire que ça m’atteignait personnellement non plus. Je n’irais également pas lui demander le pourquoi du comment il était comme ça, parce que ça ne me regardait pas.

- Je n’ai pas vraiment besoin de “surveiller ma ligne”.

Oui, parce que pour être Batgirl il me fallait une certaine constitution physique, à Gotham j’avais des séances d’entraînements personnalisées en fonction de ce que je devais travailler, Bruce supervisait tout ça lui même. Ici, je m’étais inscrite à la salle de sport et j’avais repris la gym. Ce qui ne voulait pas pour autant dire, que je suivais nécessairement un régime strict, je n’étais pas une athlète de haute niveau et je ne comptais pas l’être, je faisais en sorte d’être suffisamment en forme et entraînée pour continuer mes activités nocturnes ça s’arrêtait là. Et puis, je n’étais pas non plus la seule personne de Baiame à pratiquer du sport, personne ne posait de questions sur le pourquoi du comment, parce que c’était quelque chose de parfaitement banal.

- Et si on en venait à la véritable raison de votre présence ? Je suis étudiante en criminologie et fille de flic, alors je sais parfaitement reconnaître quand on ne me dit pas tout.

Le coup des nouvelles en mode “tonton grincheux” ça aurait peut-être pris sur quelqu’un d’autres mais pas sur moi.

« Next Step »

Les mains toujours dans les poches de mon grand manteau, ma veste hawaienne jurant avec ce dernier, je les écartais dans un signe de surprise et je me mis légèrement à ricaner. Les gens qui s’éveillaient étaient vraiment étranges. Ils continuaient d’avoir la même vie qu’avant, en essayant de recoller les morceaux comme ils le pouvaient. Fronçant les sourcils, je me contentais simplement de répondre :

« Babs, ça fait un peu babacool… Me dit pas que tu fais partie de cette secte de hippie… Tu me décevrais tu sais. »

Je me mis à ricaner et je la regardais dans les yeux. Non, elle était plus que ça. Elle était plus qu’une simple étudiante et c’était pour ça qu’elle m’intéressait tant en réalité. Il n’était pas question de protection du multivers, ou d’autres conneries du genre. Si je continuais à la côtoyer c’était simplement parce que… j’étais curieux. Du pourquoi elle en était arrivé là dans son monde. Qu’est ce qui faisait que des individus comme elle était devenu des héros, alors que dans mon monde, ce n’était qu’un ramassis de looser auto-centrés.

« J’ai dit qu’il fallait surveiller ta ligne ? Moi ? Non mais sérieusement, j’crois que y’a pas plus athlétique. D’ailleurs, tu fais du sport universitaire ? Tu connais des gens en collant qui ont des ptites particularités eux aussi ? Ca m’aiderait pour mon p’tit recensement personnel tu vois... »

Bien sur, je cherchais encore des supers de mon monde. Pour leur faire bouffer leurs collants et leur égo à la con. Car, même si j’avais appris qu’il existait des univers comme celui de Barbara, je savais que dans le miens, il n’y en avait pas un seul qui valait la peine d’être sauver. Et profiter du moment où ils étaient suspendus dans l’espace et le temps était le mieux pour le supprimer de l’existence.

« Oh, et tu vises juste. Je suis simplement là pour te surveiller, et dans l’bon sens du terme. Je connais pleins d’univers où c’est pas la fête avec les gens qui font carnavals tous les soirs comme ça, et j’essaie de comprendre aussi ce qui diffère avec ton monde. »

Je m’appuyais sur un des casiers, et je la regardais avec un air amusé. Je sortais doucement une cigarette et je commençais à l’allumer. Quoi ? J’aurai bien aimé que quelqu’un dise quelque chose à un agent du TVA. Tirant une bouffée, alors que certains déjà faisait la grimace (ce qui avait pour mérite de les faire dégager fissa) je poursuivais :

« Mais ici c’est pas le meilleur endroit pour parler, et pour fumer tu vois. Dehors c’est bien. Dehors c’est mieux... »

Je me dirigeais vers l’extérieur, sans rien dire. Puis je me retournais après avoir fait quelques pas.

« Et effectivement, t’es plutôt brillante. D’ailleurs j’serai pas surprise qu’une version de toi est commissaire de Police de Gotham dans un autre univers. » dis-je en laissant planer le doute « En fait, j’essaie juste de comprendre. Un truc personnel, qui n’a rien à voir avec le TVA. C’est simple comme deal. Tu réponds à mes questions, et je réponds aux tiennes. Et je te laisse accès à ma base de données pour retrouver ceux que tu cherches. Je suppose que t’as pas trouver tout le monde, mais j’peux te filer un coup de pouce, je commence à avoir l’habitude... »

Un des surveillants-étudiants se dirigea vers moi. Avec sa petite casquette il pointa ma cigarette du doigt :

« Monsieur ! C’est interdit de fumer ici depuis... »

Je fronçais les sourcils, et j’éteignais ma cigarette pour éviter l’effet de masse et les remarques désaégrables.

« Vas-y, dis une date trou de balle qu’on rigole… Allez casse toi. »

Il s’en alla, à moitié fier d’avoir réussi à me faire éteindre ma clope et sceptique sur qui j’étais réellement…

« C’est un bon deal non Gordon ? »

« Next Step »

Je n’avais pas fait de commentaire concernant son histoire de secte hippie, sachant que ça n’avait clairement rien à voir avec mon surnom. C’était juste que dans la famille on était d’une originalité folle, si j’avais été un garçon je me serais appellé “James” comme mon père mais étant une fille mon prénom était “Barbara” comme ma mère. Alors, pour nous différencier j’avais hérité du surnom de Babs ce qui m’allait très bien et que je trouvais quand même mieux que Barbie, néanmoins c’était là une affaire de goût purement personnel, les vrais “Barbies” pouvaient parfaitement continuer d’avoir ce nom sans que ça ne me dérange plus que ça, chacunes son surnom et tout irait pour le mieux. Heureusement pour nous deux, il  en vint rapidement au but de cette rencontre et tant mieux ça nous éviterait de perdre du temps :

- Ah désolée, tous ceux que je connais sont réglo. Après, si vous voulez vous occuper de la cour des hiboux j’dit pas non.

Non parce que Talon et sa clique s’ils pouvaient disparaître du paysage c’est pas moi qui irait les pleurer, version alternative de Dick et Bruce ou pas. Heureusement qu’il n’y avait pas de version de Jason dans le lot, trois en comptant mon sosie maléfique c’était déjà suffisant. J’avais pas vraiment envie de savoir si d’autres justiciers avaient mal tournés dans une autre réalité que la mienne, particulièrement si j’avais été amené à les fréquenter d’une manière ou d’une autre. Cependant, la seconde moitié de son discours était déjà plus intéressante. Pour autant, mieux valait rester méfiante, le collègue qui était a côté de lui quand j’étais venu pour mes proches avaient effectivement confirmés que si ils ne pouvaient pas me donner de nouvelles c’était certainement que mes proches étaient encore maudits, et même eux n’arrivaient pas à localiser exactement ceux qui étaient maudits. De plus, Baiame n’était pas une toute petite ile, s’il fallait la fouiller de fond en comble ils avaient pas fini, agent du TVA ou non.

Je n’avais pas nécessairement envie de subir un interrogatoire pour “rien”. Et je m’y connaissais en interrogatoire, j’y avais déjà assisté pendant mes stages depuis que j’étudiais la criminologie. C’était déjà la voie que j’avais suivi à Gotham même si ce n’était que mon mineure et que l’informatique était mon majeure. Néanmoins, j’avais bien fait comprendre à mon père que ce n’était valable que pour la licence, si je voulais véritablement poursuivre en criminologie pour le master il ne pourrait pas s’y opposer. Aux dernières nouvelles, la loi n’indiquait pas qu’un parent devait choisir les études de son enfant à sa place. Je comprenais parfaitement son raisonnement, quand il était devenu commissaire il avait été de plus en plus occupé, restant parfois des nuits entières au poste à travailler. Sans parler du fait que ça demeurait un métier dangereux au quotidien. Malheureusement pour lui, il avait eu une fille qui lui ressemblait beaucoup trop, ce qui je supposais pouvait à la fois être une source de fierté et d'inquiétude.

- J’ai retrouvé mon meilleur ami, il y a pas si longtemps, alors je peux aussi laisser faire le temps, peu importe ce que cela prendra. Quant aux autres versions de moi, ça ne m’intéresse pas. Vous l’avez dit vous même et votre collègue a acquiescé : si on n’arrive pas à les retrouver c’est qu’ils sont maudits et vous même au TVA, n’avez aucune information concrète quant à la cause de cette malédiction.

J’avais bien relevé l’histoire du Commissaire dans une autre réalité, mais j’avais fait comme si je n’avais rien entendu. C’était suffisant de se dire que des tarés en puissances pouvaient savoir qui j’étais et s’en prendre à mon père, ainsi que d’avoir rencontré Owlgirl ma version cour des hiboux, savoir que dans une autre réalité j’avais potentiellement reprit le flambeau c’était pas quelque chose que j’avais nécessairement envie de savoir là-maintenant. Quelque part, ça allait de paire avec ce que j’étais et ce n’était pas étonnant qu’une fois le costume raccroché, je continue sur la voie de la justice. Je n’étais pas naïve, je me doutais bien qu’il y aurait un jour où j’arrêterais d’être Batgirl, cependant je n’avais pas envie de penser à ce jour hypothétique. Je pouvais comprendre que certaines personnes soient curieuses de leurs vies dans d’autres univers, mais ça n’était pas mon cas probablement parce que ma vie telle qu’elle était me convenait parfaitement.

Pourtant, je ne pouvais pas nier que l’histoire de la technologie m’intéressait, l’informatique restait une de mes passions, et en savoir plus sur les technologies utilisés par le TVA, parlait justement à cette passion, il y avait peut-être des idées à piocher pour améliorer notre équipement, bien sur c’était sous réserve qu’on retrouve Bruce avec Dick, même si de ce côté là j’étais la plus active en termes de recherches. Les brouilles père/fils je préférais ne pas y fourrer mon nez, Dick et Bruce n’avaient qu'à régler leurs histoires entre eux, comme deux nuls de la communication.

- On va dire que c’est honnête, alors c’est quoi vos fameuses “questions” ? J’vous préviens si ça a quoi que ce soit à voir avec les supers héros d’une manière générale c’est peut-être pas moi la meilleure personne pour y répondre.

Il y en avait un qui était réveillé et que j’avais retrouvé dont la base d’informations était plus développée que la mienne. Mais pas sûr que Dick soit d’accord pour y répondre comme ça sans rien. Cela dit, si l’agent “rayon de soleil” voulait interroger mon meilleur ami, c’était à lui de trouver ce qui pouvait l’intéresser.