Severus était parfaitement conscient de ce qu’il avait fait où laisser faire. S’il avait toujours essayé d’être celui qui se salissait le moins les mains, le monde dans lequel il avait évolué, profondément mauvais, l’avait entrainé vers un chemin sombre et sinueux et vers des morts. Il aurait pu faire l’objet d’un procès, finir ses jours à la prison d’Azkaban et il l’aurait sûrement mérité. S’il était libre, ce n’était que grâce à Dumbledore et son implication qui avait finalement mené à la fin du seigneur des ténèbres. Severus ne l’avait pas pleuré, loin de là même, il en aurait même été soulagé, si cela n’avait pas été si dévastateur pour Lily. IL s’en voulait, et s’en voudrait toujours de l’avoir mis à danger, de lui avoir pris l’homme qu’elle aimait et privait ses enfants d’un père. Il lui arrivait souvent de se sentir comme un imposteur quand il se trouvait dans ses bras, comme si sa place n’aurait jamais dû être là, qu’il l’avait volé à James après l’avoir évincé. Sauf que malgré tout son ressentiment envers cet homme, il n’avait jamais voulu ça. Bien sûr, il avait toujours voulu que Lily le choisisse, mais parce qu’elle le désirait vraiment, pas parce que James était mort. Malgré tous les sentiments qu’il éprouvait pour Lily, cette idée restait dans une partie de son esprit, indélébile et forte et elle revenait souvent, malaisante, pour lui rappeler qu’il n’était pas vraiment à sa place. Un peu comme quand sa mère lui rappelait de sa voix emplie de haine qu’il n’avait rien à faire là, qu’il n’était rien d’autre qu’un boulet qu’elle aurait aimé noyer dans la première rivière rencontrée.
« Je ne peux pas Lily, je ne peux pas oublier tout ce que j’ai fait, tout ce que je vous ai fait. Qu’est ce que tu vas leur dire à Harry et à Serena quand ils demanderont ce qui est arrivé à leur père. Comment je pourrais simplement les regarder dans les yeux. » C’était sûrement ça qui le hantait le plus et même si la douceur des lèvres de Lily le rassurait, cela n’enlevait rien de ses craintes, bien trop ancrée en lui depuis l’enfance. Une confiance brisée ça ne se reconstruit pas si facilement…
Le mariage, une belle institution, du moins pour le commun des mortels, mais pas pour Severus. Son image était écornée par le terrible mariage de ses parents et la haine les unissant, pour autant, il voulait y croire, essayer de changer ce qu’il avait connu pour découvrir les joies d’une vie à deux, unis par une promesse. Il ne s’était cependant pas attendu à ce que Lily lui propose aussi vite, c’était pourtant mal la connaitre, elle était comme ça Lily. Toujours pleine de surprises et d’ingéniosités. Il éclata de rire quand elle lui proposa une bague en sucre avant de faire une demande en mariage qui n’en était pas vraiment une, mais qui eut pour effet de le détendre.
« Lily Evans, ça serait avec un grand plaisir, même si je pense que cette bague ne va pas durer longtemps et qu’il va falloir mettre le doigt sur un matériau, un peu plus solide. "Il avait d’ailleurs une petite idée derrière la tête, mais ça il le gardait pour lui… Histoire de préserver la surprise qu’il était déjà en train de préparer dans sa tête. Faut dire qu’en vingt ans, il avait eu le temps d’avoir pas mal d’idées, même s’il n’avait jamais pensé pouvoir les réaliser. Comme quoi parfois la vie vous réserve des surprises.
« T’es sur que tu as le droit de faire l’avion après avoir volé tous les bonbons ?» La voix de Severus est amusé et Harry le comprend très bien. Un sourire taquin se dessine sur ses lèvres, tandis qu’il rajoute de sa petite voix enfantine et adorable.
« S’il te plait ??? » dit-il en dévoilant ses dents dont quelques-unes manquent à l’appel. Dans son regard de gosse, dans ses yeux si verts qui contrastent avec ses cheveux d’un noir de jais, Severus voit l’enfant qu’il aurait pu être. Cette enfance qu’on lui a volé, mais dont il ne laissera personne privé Harry, ni sa sœur. Alors d’un geste appliqué, il soulève sa baguette et prononce le sort en question. Il ne faut pas longtemps pour que Harry se mette à éclater de rire, visiblement très heureux de faire le tour de la pièce comme aurait pu le faire Peter Pan.
« Je devais pas avoir trop de mal à le faire rapidement. » dit-il tout en rapprochant son visage de celui de la rousse.
« Je suis un sorcier, je te rappelle et même assez doué. » Il l’embrasse avec tendresse avant de rajouter. « Il faut juste qu’on choisisse les meubles et qu’on les fasse livrer. » Parce que oui, ici, il n’y avait pas une aussi grande communauté magique que dans leur monde, ce qui leur demandait de s’adapter. Heureusement, si Severus ne possédait aucune mornille à baiame, il possédait, par contre, un gros gros compte en banque avec la monnaie locale.
« Tu n’as pas besoin de me le dire deux fois… » Il se redresse, abandonne le canapé et la tire délicatement contre lui. «
Je te l’ai déjà dit, je ne te laisse plus. » A vrai dire, qu’ils aillent chez lui ou chez elle, ça ne le dérange pas, il ira là ou elle le désire, mais il sait que sa maison est plus adaptée. Même s’il ne connait pas encore celle de Lily, il est certain que la sienne est plus grande avec ses 300M², sa piscine couverte, sa salle de sport et de jeux… Et surtout, elle est isolée, loin des regards curieux qu’il doit subir dans cette vie et auxquels elle va devoir s’habituer…
Alors qu’il s’apprête à demander à Lily où elle habite, la question de Serena le prend de court. Pendant quelques instants son visage se glace, tandis qu’il perd ses moyens, mais Severus arrive à se raccrocher à la tendresse des yeux de Serena. Il s’agenouille à ses côtes et l’attrape dans ses bras. «
Je ne connaissais pas bien ton papa. » Il ne pouvait clairement pas lui dire qu’il avait été son tortionnaire pendant des années et qu’il le détestait. Il ne mentait pas non plus, parce que finalement ni James ni lui n’avaient eu envie d’apprendre à se connaitre, se contentant de se détester mutuellement et Lily n’était sûrement pas étrangère à cette haine, même si à l’époque elle ne pouvait pas l’imaginer.
« Mais par contre, j’ai connu ta maman quand elle était toute petite et je peux te dire que lui ressemble énormément. » Et c’était peu de le dire, Serena était le portait craché de Lily, il voyait très peu de James en elle, mais cela changerait peut-être en grandissant.
Severus finit par se retourner pour plonger son regard dans celui de Lily, un regard lourd de sens qui n’appartient finalement qu’à eux
. « Tu veux qu’on y aille ? » lui demande t’il «
J’ai envie de découvrir ou tu habites. Où tu étais pendant tout ce temps où je désespérais de te trouver. » Lui n’avait pas grand-chose à lui montrer, il n’avait rien touché à la décoration d’Ayden, qui ressemblait à celle d’un catalogue de déco… nul doute que Lily y mettrait sa touche quand elle arriverait chez lui, ce qui ne serait sûrement pas pour lui déplaire.
@Lily E. Potter —