assise sur le rebord d'un trottoir, tu léchais cette glace avec intérêt. t'étais concentré, d'une manière telle que ça semblait être la chose la plus importante à l'heure actuelle alors qu'en réalité c'était qu'un simple détail. mais tu faisais ton possible pour occuper ton esprit et éviter à tout prix de permettre à tes pensées de vagabonder. tu voulais pas penser, ni te retrouver seule en tête à tête avec tes songes. parce que tu penserais à ferb. et ensuite ça serait la porte ouverte aux divers traumatismes qui referaient surface pour rien. alors toi, tu te concentrais sur la possibilité de manger cette glace sans mélanger pour autant le chocolat et la vanille. non elles devaient rester séparer et c'est pour cette exacte raison que ça occupait ton esprit au point de presque loucher dessus.
le plus ironique dans tout ça, c'est que si toi, tu avais la parfaite impression de te fondre parfaitement dans le paysage c'était loin d'être le cas. entre tes vêtements en cuir un peu trop coloré, tes couettes bicolores et le sang séché qui était sur ton visage et tes vêtements, résultant de toute évidence d'une éclaboussure ayant eu bien plus tôt, les regards se posaient de manière un peu trop insistante sur toi. les gens changeaient de trottoir et toi t'étais concentré sur ta friandise glacée.
du moins, ça, c'est jusqu'à ce qu'elle finisse par être victime de la gravité et qu'elle s'écrase au sol, probablement après l'avoir laissé trop longtemps sans réellement faire quoi que ça soit, mais juste la lécher par-ci et par là pour t'assurer que les deux couleurs ne finissent pas par être mélangées. un légers gémissement plaintif s'échappe d'entre tes lèvres tandis que tu regardes celle-ci fondre un peu plus sur le goudron. tu te redresses finalement sur tes deux jambes, haussant les épaules comme par éternelle résignation et tu reprends ta route, roulant sur tes patins d'une manière des plus nonchalantes qu'il soit.
inutile de dire qu'en moins de trente minutes t'as déjà foutu l'bordel. tu t'es presque improvisée justicière sur tes patins à roulette noirs et rouges, allant jusqu'à poursuivre un gars qui avait essayé de voler le sac d'une demoiselle. t'aurais pu te contenter d'le livrer à la police mais t'avais bien conscience que tu pouvais pas vraiment te permettre de faire ça, alors tu lui avais juste exploser le nez, tachant un peu plus tes gants de son sang à lui. tu t'étais aussi servi dans le porte monnaie avant de rendre le fameux sac à la personne et enfin, le même scénario s'était répétée avec un chat de goutière se faisant agresser par un individu, toujours un homme dans une autre ruelle. Inutile de dire que tu t'étais faite une joie de lui régler son compte aussi et tu te retrouvais soudainement avec un chat dans ton sac à dos que tu venais tout juste de nommer Fluff-Ball Sir Meows-a-Lot. t'étais en route pour aller chez le véterinaire, comme pour t'assurer que ton nouveau animal de compagnie allait au mieux quand la rencontre la plus folle s'apprêtait à arriver. tandis que tu tournais la tête pour t'assurer que l'animal allait bien et qu'il vomissait pas dans ton super sac batman tu percutes quelqu'un de plein fouet. tu recules et te rattrapes lamentablement au mur à côté de toi, essayant de pas te tordre la cheville avec tes patins au passage.
– hey ! vous pouvez faire attention où … et alors que tu redresses enfin le regard face à cette personne tu t'retrouves comme prise au dépourvu parce que … c'est toi. en moins colorée et extravertie, un peu moins tâché d'sang aussi mais c'est définitivement comme regarder dans un miroir.
pour tout dire, la manière dont elle est habillée et sa dégaine ressemble terriblement à cette dégaine que tu as quand tu pratique, c'était même ton style relativement quotidien avant de succomber aux charmes du joker et à la folie de celui-ci.
– oh mon dieu, cette tenue est atroce. tu peux pas t'empêcher de dire. et c'est la seule chose qui te choc quand tu te retrouves en face d'un reflet identique, à l'exception de moins de couleur, moins de tatouage et une blondeur presque parfaite. c'est toi. en plus propre. puis le plus ironique c'est que si toi tu détestes cet aspect trop sobre, entre vous deux, c'est probablement toi avec la dégaine un peu trop étrange entre cette éternelle combinaison de noir et de rouge et ta peau anormalement pale. tu peux pas t'empêcher de balayer la main, comme pour voir si ce pseudo reflet réagit mais non, alors ta bouche s'ouvre en 'oh' comme par surprise.
– oh mon dieu, est-ce que j'ai une jumelle ?! Tu peux pas t'empêcher de dire
– j'en ai vu des trucs totalement délirant mais ça ?! même monsieur J serait pas capable d'une telle blague ! pas vrai fluff ball sir meows a lot ?! tu dis en tournant la tête vers ton épaule pour voir la petite boule de poil qui s'empresse de miauler.
(c) mars.