Don’t diss the sonic ! - Venceslas & Tenth

Il avait beau aimer chercher, découvrir et partir à la rencontre de problèmes, parfois le Docteur avait besoin d’un peu de repos. À trop user de son cerveau, on oublie les réflexions les plus basiques ! Peut-être aurait-il préféré hériter de deux cerveaux, plutôt que de deux cœurs. Quoique ça lui aurait fait une tête énorme… Marchant dans la rue les mains dans les poches de son trench brun, un rictus étira ses lèvres alors qu’il s’imaginait, un melon à la place de la tête.

Il avait bien besoin d’une balade dans la brise salée de l’océan pour se revigorer l’esprit, il s’était donc matérialisé dans le centre ville de Baiame pour marcher de lui-même vers la côte la plus proche. C’est à cet instant qu’il passa devant une devanture qui lui fit de l’œil. Ou plutôt, son instinct lui intima de s’arrêter et d’y pénétrer. Il se stoppa et leva un sourcil, curieux de cette étrange sensation. Ven’s Pawn Shop… Mmmh, un débarras de mauvais goût, pensa-t-il, moqueur. Attiré par il ne savait quel pouvoir, le Seigneur du Temps entra et haussa les sourcils en observant l’accumulation d’objets divers et variés posés çà et là. Ce capharnaüm lui faisait penser à son plus fidèle compagnon, le TARDIS. C’est le regard noyé de nostalgie qu’il s’aventura entre les différents rayons, de plus en plus étonné par ce qu’il y trouvait. Pris de court par sa propre curiosité, il ne se retenait pas de prendre en main et d’observer sous toutes les coutures les objets qui piquaient le plus son intérêt, avant de les reposer sans plus de manière.

Le manège dura quelques minutes, puis son regard dériva sur un petit objet long et métallique. Ses yeux s’agrandirent et sa bouche s’ouvrit de stupeur. Il sauta vers le gadget et le prit en main avec toute la délicatesse du monde. C’était lui ! Son autre fidèle compagnon qui l’accompagnait durant toutes ses aventures ! Il l’avait perdu, au même titre que son TARDIS, à son arrivée au Tribunal. Il tenta de s’en servir, pointa la porte de la boutique et attendit, mais rien ne se passa. Démuni, il prit enfin en considération l’homme qui devait être le propriétaire.

- Bonjour, enchanté, votre boutique est incroyable. Dit-il en articulant à peine. Dites-moi, puis-je savoir où et comment vous avez mis la main sur ça ?

Toujours en train de bidouiller son tournevis sonique, il écoutait ce que lui apprenait le vendeur. C’est dommage, il lui aurait bien fallu un tournevis sonique pour comprendre ce qui ne tournait pas rond avec le sien…

Ses yeux surpris se relevèrent pour aller plonger dans ceux de l’homme. Quinze ?! Quinze cartons rempli de bidules du genre ? Faut-il être fou pour laisser moisir tant de merveilles ? Il lui fallu quelques secondes de contenance pour qu’il s’empêche de courir vers la réserve. Déjà, le sonique. Il verrait après pour le reste.

L’homme s’approcha de lui en tendant la main. Le Docteur y déposa son outil en grimaçant. Il n’aimait pas que d’autres s’en servent. Il ne le lâchait pas du regard, l’observant se faire maltraiter et retourner dans tous les sens. N’y tenant plus, il finit par lui reprendre des mains un peu brutalement.

- Une certaine valeur ? Vous plaisantez ! C’est une merveille. J’ai passé plusieurs semaines pour y incrémenter toutes les matrices et programmes que je souhaitais. Ce n’était qu’un tournevis au départ, vous n’avez qu’à voir. Et finalement, après avoir insufflé une quantité minime du vortex du TARDIS, voilà ce que ça a donné. Une merveille. Il m’a sorti de sacré beaux draps. Dit-il en le jetant en l’air et en le rattrapant après lui avoir fait faire une pirouette. Et il est totalement inoffensif ! C’est pour ça que je l’adore. Il ne tue pas, il ne blesse pas, il ne mutile pas. Mais je vais vous dire ce qu’il fait, il est implacable pour ouvrir des portes !

Et là normalement il faisait exploser une porte. Mh… Ce discours avait eu beaucoup plus d’impact face aux Daleks… Maintenant il se retrouvait avec un tournevis qui ne savait même plus ouvrir les portes.

Il pourrait en parler pendant des heures durant s’il le pouvait. Mais il sentait qu’il était le seul à avoir des étoiles dans les yeux lorsqu’il racontait sa fabrication. Il soupira et se tourna vers l’autre, embêté.

- Et maintenant il ne fonctionne plus. Il lui jeta un regard accusateur. Que lui avez-vous fait ? Il a l’air totalement inactif, comme si son énergie avait été entièrement pompée.

En y repensant, cela ne pouvait être qu’un autre phénomène lié à la chute du Multivers. Ou de son entrée au Tribunal. Plus de TARDIS, plus de pouvoir de Seigneur du Temps, plus de tournevis sonique. Ce n’était donc pas la faute de ce pauvre homme qu’il venait d’accuser à tord. Quand bien même, s’il s’était retrouvé enfoui dans un carton puis laissé moisir pendant plusieurs semaines dans une réserve humide, ça ne l’avait pas arrangé !

Il rangea son fidèle outil dans la poche interne de sa veste puis repartit vers la sortie.

- En tout cas je l’ai retrouvé et c’est déjà ça. Je vais travailler dessus, je repasserai vous voir si vous voulez de ses nouvelles ! Clama-t-il avant de poser la main sur la poignée de la porte.

La main bloquée sur la poignée de porte, Tenth se stoppa et tourna un regard totalement innocent vers le vendeur.

- O-Oh… Euh… Il tâta les nombreuses poches de sa chemise et de son long manteau en grimaçant. Alors… C’est que je n’suis vraiment pas en phase avec tout ce qui est argent ou paiement. Vous les humains, avez quand même une drôle de façon de voir les choses.

Il quitta la sortie et revint à l’intérieur de la petite boutique, ne souhaitant en aucun cas se mettre à dos l’homme qui lui paraissait tout à fait sympathique. Il ria franchement en entendant la proposition de son interlocuteur.

- Merci mais ce n’est pas un câble de ce type qui changera la donne, ce qu’il lui faudrait c’est mon TARDIS mais malheureusement je l’ai perdu en arrivant ici.

Le Docteur fouilla à nouveau dans ses poches pour en sortir quelques bricoles qui seraient sans doute d’aucun intérêt pour quelqu’un comme le propriétaire d’une boutique.

- Je suis désolé, je n’ai vraiment rien sur moi, je n’en ai jamais à vrai dire, ça a le malheur de me tendre autant que les armes, dit-il en se renfrognant. Par contre je suis assez doué pour les services en tout genre, régler les problèmes, inspecter des trucs, juste… aider en fait. Alors, on pourrait s’arranger comme ça ? Avez-vous besoin d’aide ?

Un grand sourire fendit son visage alors qu’il s’accouda de façon nonchalante sur le comptoir, face à l’homme.