Univers : Terre 4243
Date de l'univers : de nos jours
Moment de l'intrigue : le futur... et le passé.
Lieu : Tartare (les Enfers des monstres, où reposent les morceaux de Chronos)

Lorsque quelqu'un est recruté par le TVA, il est retiré de sa chronologie à une date clé, mais ça ne change rien pour la chronologie en question. Cette personne continue d'exister dans cet univers, tandis qu'une version qui ne vivra jamais la suite de son histoire (mais qui l'apprendra) devient un agent du multivers.

C'était Ouroboros qui l'avait expliqué à Haizea, le mécanicien s'étant pris de passion pour tout lui apprendre. Haizea n'était pas réellement un agent du TVA, elle n'avait pas eu la même formation qu'un individu vraiment choisi par Miss Minutes. Elle s'en était longtemps sentie discriminée, juste à cause de sa nature et sa naissance particulières, mais O.B. adorait partager son savoir et Haizea en avait trouvé un bon ami et formateur.

Dès qu'elle avait appris qu'un agent du TVA n'empêchait pas l'existence de son "soi" original dans son univers, Haizea s'était rendue en secret sur la Terre 4243, l'univers d'origine de Kronos. Elle n'avait pas choisi la date : Pelée l'avait fait pour elle. Elle ne comprenait pas réellement pourquoi la créature lui était autant liée, mais elle ne s'en plaindrait pas : elle était protégée, et puisqu'elle n'avait pas besoin d'utiliser un pad temporel pour voyager dans l'espace et le temps, ses déplacements ne pouvaient pas être pistés par O.B., Miss Minutes, et le TVA.

Le Tartare était un endroit froid, très froid. Haizea n'avait pas le loisir de se rendre beaucoup dans le multivers, le temps lui étant mortel si elle y était exposée trop longtemps, mais elle était certaine de ne jamais avoir vu un endroit plus angoissant que le dernier niveau des Enfers des univers aux divinités grecques. C'était un endroit vaste, aussi, mais Pelée l'avait guidé là où elle voulait, avant de disparaitre comme il le faisait toujours.

Elle eut du mal à déglutir. Devant elle se trouvait enchainée la moitié de la poitrine de Chronos, sa peau dorée brillant faiblement sous les chaines de fer stygien. Haizea eut un frisson d'horreur en entendant le coeur battre. Quand Zeus avait tué son père, il avait réparti les morceaux de son corps au Tartare de la sorte puisqu'il était impossible de tuer une divinité. Découpé, Chronos vivait toujours, simplement incapable de bouger.

Sa voix résonna dans sa tête, ce qui fut le comble de la peur pour Haizea. Je ne te connais pas. Mais tu me semble familière...

Haizea trembla pendant un moment et du se concentrer pour lui répondre. Je te connais sous une autre forme. Recruté par un monde au delà des mondes, qui protège toutes les réalités. Cette version de Chronos m'a entrainé à utiliser mes pouvoirs.

Tes pouvoirs. Résonna la voix glaçante du Titan. Tu façonnes le temps brut.

Haizea haussa les sourcils. Elle n'avait jamais entendu qui que ce soit dans le multivers qui soit au courant de l'existence du temps brut. Tous les êtres vivants ayant conscience du temps pensaient que le temps n'est pas tangible, et qu'il a toujours existé comme tel. C'est seulement au TVA qu'on apprenait qu'Ouroboros avait construit la technologie nécessaire pour forger le temps brut en temps exploitable par le multivers (et la plupart des agents ne s'intéressaient pas aux complexes créations d'O.B. et l'ignoraient donc).

Kronos avait peut être été le titan du temps avant d'être recruté, il l'ignorait aussi avant le TVA (Haizea n'était même pas certaine qu'il le sache même aujourd'hui).

Comment tu peux connaitre l'existence du temps brut ? Cette matière ne se situe dans aucune chronologie, prononça Haizea toujours tremblante.

Tu es une anomalie temporelle, n'est-ce pas ? Fit la voix du titan pour seule réponse.

Haizea se crispa, la peur laissa place à de la colère. Elle en avait assez d'être appelée comme ça. Mais hélas, c'était la vérité. Et ça n'arrangea rien à la surprise que Chronos, en tant que variant du multivers, connaisse tout ça.

J'ignorais tout ça, je le sens en toi, continua la voix comme s'il lisait dans son esprit (ce qui était probable puisque c'était une divinité). Pourquoi es-tu venu me voir alors que le temps t'es mortel ?

Elle hésita un instant, avant de prendre une grande inspiration. Kronos... celui qui m'a entrainé. Il refuse de poursuivre mon apprentissage.

Il y eut un silence, Haizea eut peur que Chronos se taise à jamais en guise de refus anticipé à sa demande. Mais après un instant, la voix reprit. Tu es une anomalie parce que tu te situe au passé et au présent d'un monde qui n'est même pas censé avoir de temps. Tu te tiens actuellement dans un univers qui a été effacé avec le reste du Multivers et tes souvenirs se situent pourtant avant toute trace de la Destruction de celui-ci. Tu as été conçue après que ton père soit mort, et tu n'as pourtant pas encore appris son décès. Ton entraineur refuse de poursuivre ton entrainement parce que tu as déjà les capacités d'une divinité plus puissante que toutes celles jamais observées.

Haizea recula d'un pas, prise de terreur. La Destruction, la mort ? Elle n'était au courant de rien de tout cela, et pourtant il lui semblait écouter des faits qu'elle savait déjà. Elle eut plusieurs flashs troubles qui se bousculaient dans son esprit. L'image du garçon qui avait nommé Pelée, qu'elle n'avait pourtant pas encore rencontré. L'image d'une ile qui n'était pas encore créée, mais où elle se sentait déjà piégée. L'image de la destruction du TVA, d'où elle venait pourtant.

Pelée refit son apparition. Il fusa vers Haizea pour la protéger alors que derrière lui, l'univers 4243 était en train de s'effacer sous ses yeux..

Voir son monde disparaître, sortir des profondeurs d'un cauchemar pourtant beaucoup trop réel. Souvenirs qu'on aurait préféré oublier. Tristesse enfouie dans les tréfonds de l'âme. J'émerge finalement de ce songe au combien difficile à revivre et me redresse en essayant de reprendre totalement contenance. Les souvenirs s'entrechoquaient dans ma tête. Me souvenir de la destruction de la Dimension Magique me prit au coeur de telle manière à ce que quelques larmes s'échappent mais que je ne les rattrapent assez rapidement pour que personne ne puisse voir la douleur d'un tel souvenir. Même la Flamme du Dragon n'avait pas été capable de stopper cette destruction au combien chaotique. Je ressentais encore au plus profond de moi la douleur de la perte de tous ceux que j'aime. Mes parents, mes parents adoptifs, les Winx, Daphné, notre royaume et ma propre vie...

Une légère sensation de culpabilité pris naissance au creux de mes entrailles et je le ressentais mais tentait néanmoins de la taire. Je pourrais toujours m'en occuper plus tard, si bien sûr j'avais la force d'y faire face. Pour l'instant, on avait d'autres problèmes que la culpabilité concernant le fait que même la Flamme Invincible du Dragon n'avait pas pu venir à bout de la destruction de l'univers.

Une fois consciente, je tentais de comprendre les propos de la jeune femme tandis que certaines choses étaient encore confuses dans mon esprit. La terre se met soudainement à trembler et le terme "volcan" émerge d'entre les lèvres de l'étrange jeune femme.

"Respire Bloom..." me murmurais-je à moi-même.

Je fut aidée pour me relever avant de pouvoir fuir les lieux. Nous nous retrouvâmes par la suite de nouveau au RVA. Restant silencieuse mais ayant néanmoins remercier l'homme qui m'était venu en aide, je cours rapidement à l'extérieur pour observer ce qu'il s'y passe et remarque rapidement l'apparition de cet incroyable dragon. Clairement à côté, le mien était petit. Ne quittant pas la scène des yeux, je vis la jeune femme s'effondrer.

"Qu'est ce que c'est que toute cette histoire..." lâchais-je alors.

Voilà que Pelée se met à obliquer dans le ciel avant de foncer vers la ville. Par instinct dirais-je, je me baisse avant de remarquer qu'il a simplement disparu dans le sol, emportant l'étrange jeune femme avec lui. Mais avant qu'on ait eu le temps de souffler, un vent se lève autour de nous. Les yeux rouverts, je comprends rapidement que c'est pas terminé étant donné l'apparition d'invités non souhaités dans les différentes rues autour de nous. Bon... Mon regard se pose sur un robot humanoïde à cheval avec une lance de chevalier qui sort paisiblement du mur du RVA.

"Par tous les dragons, c'est quoi ça encore ?!" soufflais-je alors.

La seconde d'après, je remarque cependant que j'ai moi aussi changée. Ma transformation féérique est bien de retour. Je bouge mes ailes dans un battement et mes pieds quittent quelques instants le sol avant de s'y poser à nouveau suite à l'apparition d'une toge romaine et d'un bouclier rectangulaire énorme et beaucoup trop lourd.

"Non mais sérieusement, ma magie me suffisait !" râlais-je, consciente que ce bouclier allait plus me gêner qu'autre chose et clairement la toge romaine par dessus ma tenue féérique, c'était clairement pas ce qu'il y a de plus glamour.

Bon au moins, je pouvais utiliser mes pouvoirs et ça, c'était une bonne chose.

"Flèche de feu !"

Mes flèches de feu touchèrent le cheval mais cela ne sembla pas pour autant arrêter l'assaillant. Je pu éviter de justesse l'une de ses attaques. Cependant avant que je ne puisse répliquer, je sens une douleur lancinante dans la jambe. Il venait de me frôler avec sa lance.

"Alors, ça, c'était pas une bonne idée !" lâchais-je, soudainement en colère, mes pupilles brillant des flammes du dragon "Tu vas goûter à la pleine puissance du dragon de Domino mon p'tit !"

Malgré la présence du bouclier qui demeurait bien lourd, le dragon de feu jaillit avant de frapper le robot de toute son énergie. Ce dernier disparut par la suite et je pu reposer mes deux pieds sur le sol. Je lui avais bien dit qu'il fallait pas m'énerver.

Revivre la destruction du monde n'est jamais un bon souvenir, même pour quelqu'un d'aussi peu attaché à ce monde que moi. J'ai toujours assez surfé sur la vague pour me dire que si je me retrouve pris dans une apocalypse, il me suffit d'aller voir plus loin si l'herbe y est plus verte.

Bref, si se faire presque piétiner par un mammouth, pour subir une téléportation qui me fait regretter mes voyages à travers les failles temporelles, se perdre dans un labyrinthe et se faire attaquer par un dinosaure n'étaient pas suffisants, voilà que la montagne va exploser à présent... oui merci, je sais ce qu'est un volcan. Comme d'autres de mes collègues, je me suis offert des vacances à Pompéi le jour de l'éruption. Histoire de récupérer quelques pièces historiques à revendre à bon prix. Mais là n'est pas le sujet. La terre tremble un peu trop pour les séquences nostalgie là.

Si j'ai pensé que le Docteur m'abandonnerait à mon triste sort? Oui. Si je lui en aurais voulu? J'aurai sans doute fait de même. Mais soit cet homme est trop naïf pour son propre bien, soit la présence de sa collègue l'a dissuadé de laisser quelqu'un derrière lui. Faudra que je la remercie un de ces quatre, juste en cas où. Nan d'ailleurs, vu qu'ils ont l'air plus doués encore que moi pour s'attirer des ennuis, vaudrait peut-être mieux pas trop attendre d'ailleurs.

"Pendant qu'on y est, laissez moi retrouver mes bonnes manières avant le prochain cataclysme. Capitaine John Hart, à votre service."

Je tends une main vers elle en guise de salutation, mais je me fait plutôt pousser vers le portail jusqu'à revenir à notre point de départ. Où nous retrouvons l'ensemble du groupe, du moins pour les têtes que j'avais noté au départ. J'suis pas gérant de colonie de vacances alors me demandez pas si il en manque un.

Enfin, je dois bien avouer que j'ai beau penser avoir tout vu ou presque au cours de mes voyages, ce qui se passe au sommet de la montagne parvient franchement à me surprendre. Un pu-tain de dra-gon... ils sont sérieux?! Cela dit, après le dinosaure, continuons avec les reptiles... Celui-là fonce clairement vers la ville avant de disparaitre purement et simplement du périmètre, et je balaye les alentours du regard, tâchant de trouver une trace indiquant où il est passé. Je n'ai guère envie de le voir arriver dans mon dos, celui là.

Mais c'est un autre problème qui se présente devant moi. Un ptérodactyle, rien que ça, et je pense pas que ce soit le chien de garde de Jack. Ah oui, y a un flic dessus aussi, mais quand on a un casier aussi long que le mien, on a un rapport aux flics qui les met très en dessous des ptérodactyles dans la liste des priorités. Quant à l'accoutrement? Autre priorité très faible. Comme si on n'avait jamais testé les costumes d'époque ridicules au cours de nos missions... y a que dans les films que les agents du temps débarquent comme de gros bourrins dans des uniformes futuristes tout sauf discrets... d'accord, ça nous est arrivés aussi, à l'occasion, mais parce qu'on s'était démerdés comme des cons. Le sabre laser en revanche, ça, je prends. C'est le genre d'accessoire qu'il m'est déjà arrivé de trouver sur mon chemin.

Le flic remonte dans mes priorités quand il s'avère ne pas être mauvais tireur - du moins si il visait ma jambe et pas ma tête -, et j'allume le sabre laser pour lui faire face. La bête chargeant dans ma direction, je frappe de gauche à droite, usant du sabre laser comme d'une guillotine, laissant bientôt la tête de l'oiseau préhistorique choir au sol à deux mètres de son corps qui s'effondre bientôt sous les jambes de son cavalier, avec juste ce qu'il faut de fumée s'échappant de la plaie cautérisée pour rendre la scène théâtrale. Bon, un problème de moins, next. Je raffermis ma position sur ma jambe valide, déportant mon poids pour éviter d'appuyer sur celle d'où la flèche dépasse encore, plaçant la lame entre l'homme et moi. Ecartant une nouvelle flèche d'une nouvelle parade de sabre, avant que l'homme ne descende du cadavre pour finir de régler ses comptes. Des comptes que je règle pour lui en taillant son arc en deux avant de lui offrir le même sort. Regardant sans aucun sentiment les deux moitiés de son corps se séparer en rejoignant le sol. Savez quoi? Cette arme, je me la garde!

L'image de Pelée lui était venue avec une envie qui frolait presque le besoin de lui rendre hommage en nommant ce nouveau dragon. Une réaction qui pouvait sans doute surprendre dans une telle situation alarmante, et surtout venant de Nico, mais quelques instants plus tôt le demi-dieu venait de se souvenir des dernières minutes de son univers, quand tout s'est réduit en poussière, son petit-ami (loin de lui) inclu, alors que Nico sentait la mort des trillards d'êtres vivants. Ce souvenir l'avait bousculé plus que de raison, et il avait du affronter le deuil tout en pensant que Percy se soit fait dévorer par un serpent préhistorique et en devant réagir aussitot que Kronos ne le retrouve pour l'évacuer. Nico n'était pas très bon pour exprimer ses émotions, mais en plus il n'avait même pas eu le temps de les consommer à cet instant.

Percy était encore en vie, Aster aussi, ce qui soulagea furtivement Nico. Ce soulagement avait un gout amer, ou dilué, après s'être souvenu de telles horreurs, même s'il devait admettre que s'il avait réellement été tué, Nico l'aurait vécu encore moins bien. Donc, lorsque cette inconnue avait déclaré être la maitresse du dragon qui venait de sortir de la montagne, Nico avait eu besoin de se réconforter comme il pouvait. Appeler la créature Pelée ramènerait quelque chose de la maison, sans doute.

Ceci dit il ne savait pas réellement comment se comporter avec cette Haizea, avec ses discours étranges et la façon qu'elle avait de déjà connaitre Nico. Pour lui, Haizea avait l'allure d'une déesse. La plupart de ceux qui vont lire ceci penseront à un beau compliment. Pour un demi-dieu ça voulait dire qu'elle était sans doute dangereuse, horrible, ennuyante, effrayante ou les 4 à la fois, et donc potentiellement détestable et responsable d'une tonne de soucis. Se méfier d'elle était une réponse plus qu'évidente, mais puisqu'elle s'effondra sous leurs yeux Nico n'eut pas eu l'occasion de se défendre si vraiment elle représentait une menace.

Pelée le dragon oriental ne se comporta cependant pas aussi sagement que Pelée le dragon grec de la Colonie, mais ceci dit avec autant d'agressivité. Il fonça vers eux et Nico se plaça sur la défensive devant Elyan (sans avoir réfléchi et sans vraiment se rendre compte de son geste) en sortant son épée en fer stygien dont l'éclat froid fit briller sa bague tête de mort.

Mais lorsque celui-ci disparut dans le sol en compagnie d'Haizea, les anomalies temporelles semblaient éclater de plus belles autour d'eux. D'habitude, lorsque des ennemis venus du passé faisaient surface de la sorte, c'était des zombies que Nico invoquait, et il aurait préféré : des murs et du goudron sortaient des opposants de toutes les époques, sur des montures qui ne correspondaient pas non plus à leurs chronologies.

Nico eut presque un sourire en coin lorsqu'il vit un soldat romain foncer vers lui, offrant alors au demi-dieu un combat ironique. Toujours sur la protection d'Elyan, il n'eut cependant pas le temps de réagir davantage alors que le temps continuait à se plier de façon imprévisible autour d'eux. Si le soldat romain était au guidon d'une moto futuriste qui pouvait voler, et qu'il était armé d'un véritable sabre laser tout droit sorti de Star Wars (il rendrait Will jaloux, pour sur, pensa-t-il avec un peu plus de peine), Nico eut la désagréable surprise de se retrouver affublé d'une tenue d'astronante, offrant d'ailleurs le même sort.

De la main qui ne tenait pas son épée, il avait un pistolet blaster pour compléter la panoplie Star Wars certes ridiculisée par la tenue et qui ne lui offrit aucune réconciliation avec celle-ci. Mais c'est quoi ces conneries encore, grommela-t-il.

Mais pas le temps de se plaindre davantage : le soldat antique à moto du futur fonçait sur lui. Nico, par réflexe, invoqua un tremblement de terre qui fissura le goudron, mais le véhicule volant n'eut pas de mal à esquiver les dégats pour se rapprocher du demi-dieu. S'il ne fut pas capable de le découper en deux avec son sabre laser, il entailla méchamment Nico à la jambe qui étouffa un cri de douleur.

Ceci dit, la douleur ne servit qu'à l'énerver davantage. Il glissa dans une ombre (et malheureusement cette tenue encombrante le suivit) pour ressurgir juste devant le romain qui perdit le controle de sa trajectoire. De la main gauche, Nico tira dans le moteur avec le pistoler, et de la main droite, il arreta la chute du romain en lui plantant son épée dans la gorge. Je vous préfère largement morts, siffla-t-il entre ses dents.

Il en avait presque oublié Percy cependant qui était en train de faire face à la même menace. Nico essaya de le rejoindre mais la douleur à sa jambe le lança bien trop.

Les yeux humides et exorbités, il fallut plusieurs longues secondes au Seigneur de Temps pour retrouver contenance. Il se souvenait de tout, maintenant. De la dérive et la disparition des univers, du chaos qui régnait dans les lieux, des cris qui noyaient ses sens. D’Evann, à qui il n’avait pas pu dire adieu, de Sam, malheureux à en mourir qui partait la rejoindre, là où elle se trouvait.

Il se releva, passant une main sur son visage encore décontenancé. Mais, une fois que ses neurones se remirent en fonctionnement, il comprit que ce n’était pas forcément la fin de tout. Plusieurs choses étaient discordantes. Il s’était vu partir en fumée, et pourtant il était assez sûr de lui pour crier haut et fort qu’il était vivant. De fait, Evann et Sam devaient l’être aussi, quelque part. Il avait vu le bâtiment du TVA se désintégrer, au même titre que tous les agents. Et pourtant, il y était encore ce matin. Était-ce un mauvais rêve ? Un terrible paradoxe ?

Les questions fusaient dans son esprit qui tournait à grande vitesse. C’est quand le sol trembla vivement qu’il se dit qu’il fallait peut-être évacuer les lieux. Mais comment, avec des pads qui ne fonctionnent que quand ils le souhaitent ? La réponse atterrit sur son appareil comme par magie : Kronos leur affirmait qu’ils pouvaient utiliser la technologie du TVA. Soulagé, le Docteur ouvrit un portail dans lequel il poussa Martha et John.

- Oh pitié ne commencez pas… Se lamenta-t-il en entendant l’homme se présenter à son amie.

Depuis qu’il avait rencontré Jack, il avait tendance à mettre les présentations cordiales dans le même panier que le rentre-dedans. Il avait eu sa dose de Capitaine pour une vie entière.

Après avoir récupéré les autres personnes qui les avaient accompagné dans la forêt, ils se transportèrent tous ensemble dans le bâtiment du RVA. À peine un orteil posé sur le sol de la ville qui tremblait davantage encore, la montagne explosa pour laisser apparaître un immense dragon. La bouche en O, le Docteur ne parvint pas à quitter des yeux la magnifique créature qui s’approchait d’eux. Un dragon… Il n’en avait jamais vu.

- Oooh… Brillant… Dit-il, stupéfait par la vision offerte.

C’est alors qu’une femme s’exclama que cette merveille de la nature était à elle. Ah vraiment ? Elle n’aurait pas pu trouver plus petit comme animal de compagnie ? Quand il se retrouva nez à nez avec la concernée, il se figea, fronçant les sourcils. Il l’avait déjà vue, c’était elle qui avait joué au fantôme mystérieux au TVA. Il mit un petit coup de coude à Martha, non loin de lui, en montrant du menton la femme,  l’air de dire « Regarde, je suis pas fou hein ? »

Alors qu’elle répétait inlassablement des phrases sans aucun sens, elle s’effondra sur le sol. Fidèle à lui-même, le Docteur se précipita vers le corps inconscient, l’examina rapidement sans trouver les raisons de ce brusque malaise. Il lança un regard rassurant à Kronos, intimant qu’elle était vivante. C’était toujours ça.

Enfin… Peut-être pas pour longtemps, le dragon étant actuellement en train de foncer droit vers eux. Le Docteur n’eut pas le temps de bouger, les paupières fermées à double tour, attendant l’impact. Impact qui ne vint pas. Quand il ouvrit ses paupières, le dragon avait disparu, et la jeune femme inconsciente aussi.

Il soupira, sentant la lassitude monter en lui. Il aimait beaucoup les aventures et les mystères qu’il devait résoudre. Mais là, entre la rencontre avec une femme étrange, la randonnée dans la forêt, le face à face avec un immense mammouth, la désintégration de son propre corps, le second face à face avec un dinosaure cette fois, le tremblement de terre, les souvenirs de la fin du monde où il se faisait encore désintégrer, le paradoxe temporel, le dragon, il avait tendance à se dire que c’était trop. Même pour lui. Il avait l’impression de faire le rêve le plus loufoque de toute l’histoire du monde.

Qui a dit que c’était terminé ? Pas le Maître de cet univers, semblerait-il. Après le tremblement de terre, le vent se leva aux alentours, sous les yeux fatigués et inquiets des présents. Les rues se brisèrent, laissant apparaître des… qu’est-ce qu’il en savait. On aurait dit des jouets d’enfants sans aucun sens dans une taille gigantesque. Un soldat britannique chevauchant son mammouth (était-ce le même que tout à l’heure ?), un romain sur une moto volante, un immense robot cavalier, un gendarme volant sur un ptérodactyle… Le Docteur laissa s’échapper un léger rire, signe de sa béatitude.

Il se retrouva face à face avec la troisième anomalie de la journée : le robot à cheval sortant d’un mur de pierre. Logique.

Il en avait vécu des aventures, mais alors celle-ci… Il jeta un œil à Martha, et fronça les sourcils en voyant son accoutrement. Qu’est-ce que c’était encore que ce bazar ?

Sa surprise augmenta davantage lorsqu’il comprit que son amie n’avait pas simplement décidé de changer de vêtements. Le voilà qu’il était habillé d’une toge romaine et de sandales typiques. Son bras tomba soudainement vers le sol, emporté par un bouclier qui faisait sa taille. Quel cirque.

Alors que le robot lui faisait face, il remarqua que la jeune femme rousse qui les avait accompagné depuis le début de l’aventure s’était transformée en fée et portait le même déguisement que lui. Son attaque avait été très impressionnante et efficace, le robot ayant reculé de plusieurs mètres.

- Bien joué ! Vous êtes vraiment très impressionnante. Dit-il à l’encontre de la fée, un large sourire aux lèvres. Je vois que vous avez hérité du même styliste que moi… Oulà, il revient, je m’en occupe !

« Je m’en occupe » Oui bien sûr, il n’avait pas de pouvoir lui ! Il avait dit ça comme ça, dans un élan de grand altruisme, comme à son habitude. Mais l’ennemi revenait à la charge et la jeune femme était blessée à la jambe. Il empoigna le bouclier de toutes ses forces, répandant la charge et l’énergie de toutes ses anciennes régénérations qu’ils ressentaient à nouveau, dans ses bras. Il fit quelques pas avant d’envoyer le bouclier vers le monstre, avec tout l’élan dont il était capable. Il manqua trébucher à la fin et, dans un long soupir, il leva les bras au ciel en guise de victoire : le cheval avait été touché de plein fouet et s’était écrasé au sol.

Ne jamais crié victoire trop tôt… Le robot, sans doute bien énervé, visa le Docteur de sa lance qui vit sa longue vie défiler devant ses yeux. Il jeta un regard à Martha, qui se battait elle aussi au loin, avant de se faire projeter par l’arme qui l’atteignit en plein coeur.

Il se releva en sursaut et toucha avec horreur l’endroit où il avait sentit la lame se planter. Rien. Aucune douleur, aucune blessure. Ses traits s’affaissèrent, il était complètement perdu. Il regarda autour de lui et reconnu sans mal les tribunes du TVA, les bancs en marbre, sur lequel il était assis. Il souffla, son dos s’affaissa sans douceur derrière lui, récupérant un peu de l’énergie qu’il avait dépensé aujourd’hui.

Il était parti aujourd’hui pour résoudre un mystère. Il se retrouvait encore plus paumé que jamais. Il avait envie de rejoindre son TARDIS plus que tout.

Elyan ouvre les yeux, l'impression de revivre le même enfer dans une sorte de sphère infernale. Voilà qu'il se réveille pour la troisième fois en même pas vingt-quatre heures, après des situations toutes aussi rocambolesques les unes que les autres. Là aussi pour la troisième fois. Tomber dans les pommes a sûrement été une façon pour son corps de relâcher la pression, de faire face au choc. Depuis son réveil, sa journée n'a été qu'une succession d'incompréhension auxquelles il n'a toujours aucune réponse.

Non pas que les surprises s'arrêtent là. Après les rêves étranges, la randonnée de l'enfer, le mammouth, le titanoboa et l'armée de zombies, Elyan peut rajouter portail étrange et dragon à sa liste de choses étranges. Si vous pouviez ouvrir un portail depuis tout ce temps, à quoi servait la randonnée ? Oui, Elyan est éreinté, et quelque peu sur les nerfs. Le fait que la moitié de tout ce chaos aurait pu être résolu par un simple tour de magie n'est pas pour le ravir. Il a été avalé par un serpent préhistorique géant ! Et le voilà toujours vivant, en chair et en os, venant de traverser un portail magique pour se rendre du haut d'une montagne en plein centre ville.

Et après le titanoboa, c'est un dragon qui fait son apparition. Pelée, c'est comme ça que Nico l'a appelé. Elyan fronce les sourcils à l'entente du prénom, celui-ci ravivant un faible écho familier au brun. Malheureusement, il lui est impossible de se souvenir de quoi il s'agit, comme si quelque chose empêche violemment son subconscient de se rappeler une chose bien particulière. Elyan secoue la tête, sentant déjà la migraine faire son apparition. Ce n'est sûrement qu'une drôle de sensation de déjà-vu, le dit dragon lui rappelant celui de son rêve. En plus grand.

La femme de son rêve est toujours là, elle aussi, insistant pour l'appeler Percy une fois de plus. Si Elyan grimace, il préfère ne pas protester, bien trop secoué par tous les évènements de la journée pour rentrer dans un nouveau débat. A vrai dire, à ce stade, il n'a qu'une seule envie : rentrer chez lui et se blottir dans les bras de sa petite-amie et oublier toute cette histoire. Le seul point positif dans tout ça : Nico. Tous deux ne se connaissent que trop peu, n'étant que de simples connaissances ayant eu la malheureuse infortune de se retrouver confronté au même délire.

C'est d'ailleurs Nico qui vient se placer directement devant Elyan, en mode protecteur, lorsque le dragon fait un piquet droit sur eux, avant d'embarquer la femme inconnue et de disparaître... avant qu'un soldat romain sur une moto volante ne prenne sa place. Succession de situations rocambolesques improbables interminable, il semblerait. Elyan se dit qu'il est préférable d'arrêter de compter à ce stade, c'est mieux pour sa santé mentale. Tout autour de lui, des scènes de combat ubuesques se produisent, et bien qu'il aimerait pouvoir les observer une à une, toutes aussi insensées les unes que les autres, il doit bien vite reprendre ses esprits lorsqu'un nouveau soldat ne se dirige à toute vitesse vers lui, armé d'un sabre laser. Allez, pourquoi pas. C'est original, au moins, à n'en pas douter.

Elyan a tout juste le temps de rouler sur la droite, ce qui se révèle être assez compliqué dans une tenue de cosmonaute, évitant la moto de justesse, avant de se relever en toute vitesse. La tenue, il est pas fan, pour tout vous dire. Gamin fasciné par les fonds marins plutôt que par l'espace, ce n'est certainement pas la tenue qu'il aurait choisi pour échapper à ce soldat romain, allégorie même de l'anachronisme.

Bien qu'encombré et bien moins agile et rapide dans cette nouvelle tenue, Elyan est surpris (et ravi) de trouver un blaster à sa panoplie, pointant la dite arme sur le soldat. Il manque sa cible. Pestant entre ses dents, Elyan sent l'exaspération grandir et prie toutes les divinités qui existent malgré son athéisme de lui venir en aide.

C'est à ce moment là qu'une trombe d'eau s'échappe du sol pour venir s'écraser en trombe sur Monsieur Anachronisme Vivant, le soldat romain. Ou, plus exactement, s'échappe des égouts. Percy écarquille les yeux quand il se rend compte que l'eau en question semble l'écouter, agissant en synchronisation avec ses propres pensées. Si Elyan parvient à immobiliser le romain quelques instants, cela ne suffit pas pour l'exterminer une bonne fois pour toute, celui-ci ne tardant pas à refaire son apparition, parvenant à esquiver les attaques aquatiques successives d'Elyan - à moitié euphorique et à moitié tétanisé à l'idée de posséder des pouvoirs. Armé de son sabre laser, il réussit sans mal à planter ce dernier dans la jambe d'Elyan, qui hurle sous le coup de la douleur.

Bien déterminé à en finir définitivement, Elyan invoque un nouveau déluge, parvenant à invoquer toute l'eau environnante et à l'envoyer se déchaîner à toute puissance sur le romain, qui perd le maîtrise de sa moto pour venir s'écraser contre un mur, mort.

Éreinté de tout son corps, Elyan lâche prise, laissant ainsi l'eau rependre ses droits et s'évacuer çà et là du centre-ville, bien que les dégâts soient bien présents, une mini inondation prenant déjà place non loin de lui. Mais le brun reste allongé au sol, grinçant des dents sous la douleur lancinante à sa jambe, son sang venant se mélanger à l'eau sale et nauséabonde des égouts.

Aucun doute là-dessus: il aurait du rentrer chez lui après son réveil à l'hôpital.