La Chauve-Souris et l'Etincelle | Barbara & Eddie

« La chauve souris et l'étincelle »

La nuit semblait plutôt calme, je n’étais intervenue que pour empêcher un vol et j’avais déposé le criminel ligoté devant le commissariat avant de partir tout aussi furtivement que j’étais arrivé. Tout comme à Gotham, il y avait toujours des personnes pour travailler tard là-bas, j’évitais donc de trop m’y attarder. Chez moi, l’avis était mitigé sur les justiciers: certains estimaient que nous étions une aide bienvenue pour lutter contre la criminalité omniprésente de Gotham, et d’autres n’aimaient pas vraiment le principe de faire “justice soi même”. Plus d’une fois, Bruce s’était retrouvé dans le viseur des politiciens de la ville ainsi que des hautes autorités de justices en tant que Batman. Et quand bien même je n’étais clairement pas la seule personne à porter un costume et à traquer les criminels, je préférais rester anonyme et ne pas trop me montrer question de prudence.

Je ne pouvais pas dire que j’appréciais traquer des criminels, ou que j’aimais réellement ma vie en tant que Batgirl, je l’avais fait par conviction, parce que j’avais l’intime conviction que c’était l’unique moyen pour moi de défendre cette ville. J’aurais pu décider de partir quand j’en avais eu l’occasion, choisir d’étudier ailleurs qu’à Gotham mais je n’avais pas pu m’y résoudre. Déjà, parce que Dick était déjà parti, bien que ce soit pour des raisons différentes. Sur le moment, je l’avais mal prit, quand bien même tout au fond de moi je comprenait et acceptait ses raisons mais j’avais quelque part eu l’impression qu’il me laissait “toute seule” avec Bruce, comme si lui parti ma tâche était à présent de faire en sorte que celui qui nous avait tout appris reste sur les rails. Les débuts n’avaient pas été facile, d’une dynamique à trois, nous passions à deux et de ce fait en tant que sa seule équipière il en devenait deux fois plus exigeant. Alfred heureusement, était constamment la voix de la raison et la seule personne du moins en avais-je l’ultime conviction que Bruce écoutait réellement. C’était aussi grâce à Alfred, que j’avais pu faire la paix avec le départ de mon meilleur ami, au fond notre lien resterait toujours le même.

Et puis, il y avait eu Jason. Si Bruce était doué pour former des justiciers, gérer le bagage émotionnel n’était pas vraiment dans ses cordes. C’était généralement Alfred qui savait trouver les mots justes, mais aussi génial qu’il pouvait être, il ne pouvait pas être partout à la fois. Si avec Dick, j’avais eu l’impression de ne plus être fille unique et d’avoir un frère du même âge avec Jason c’est le rôle de grande sœur que j’avais dû cette fois-ci endosser. Avec ce rôle c’est un degré de maturité supérieur que j’avais eu l’impression de gagner, d’une manière générale mon rôle avait été de faire le tampon entre mon mentor et le nouveau membre de la famille. Parce que ce que Bruce avait du mal à comprendre par moment, c’est qu’il ne pouvait pas juste être un mentor en faisant venir Dick, puis Jason au manoir. C’était également un rôle de père qu’il devait assumer et c’était ce point là qui posait souvent problème. Et pour toutes ces raisons, j’étais resté et j’avais continué d’endosser mon rôle de Batgirl, avec le temps c’était devenue une partie de moi aussi indissociable que l’identité de Barbara Gordon, fille du commissaire et étudiante. Parce que “Barbara” n’était pas juste l’une ou l’autre, elle était les deux c’était ainsi que je concevais qui j’étais.

Mais alors que je me disais justement que la nuit était calme, alors que je me décidais à boucler ma patrouille par la banlieue sud, c’est posté sur le toit d’un bâtiment que j’assistais au désastre. Apparemment, les choses venaient de se corser, j’ignorais s’il ne s’agissait que de l'œuvre d’un simple pyromane ou d’un super criminel et je n’avais pas le temps de trop y penser. Il fallait agir et rapidement, parce que c’était toute la sécurité du voisinage qui se retrouvait menacée. Comme à mon habitude, j’utilisais mon grappin afin d’arriver plus vite. D’abord, je devais évaluer l’intensité des dégâts pour ma propre sécurité. Disposant d’un masque à gaz entre autres parmi ma panoplie d'accessoires en fonction de l'intensité de la fumée je pourrais en avoir besoin.

Agilement, je me faufilais afin de confronter le criminel responsable de tout ceci, il était temps de lui faire passer l’envie de recommencer, avec un peu de chance je pourrais pirater la fréquence de la police pour les amener jusqu’à un endroit sûr où j’aurais prit soin de le déposer. Je ne m’attendais pas à ce qu’il se livre de lui-même mais voir un type me dire que je ne comprenais pas, c’était une première. Je n’avais encore jamais eu ce genre de discours, d’habitude quand ils essayaient de se dédouaner les criminels accusaient d’autres personnes, comme si on ne savait pas que c’était eux et non ceux qu’ils dénonçaient.

- Inutile d’essayer de m’embobiner. J’en ai vu des tas des criminels dans ton genre, “c’est pas moi c’est quelqu’un d'autre”, “j’y suis pour rien croyez moi”. Vous pensez vraiment qu’on a pas eu ce genre de discours un milliers de fois ?

J’aurais presque pu y croire avec son air faussement affolé, mais encore une fois j’étais rodé, et je savais également que si je perdais du temps et n'attaquais pas la première je perdrais l’avantage, qui sait ce qu’il avait encore en stock. Des bidons d'essence ? Plus de matériel pour mettre le feu ? Je ne pouvais pas prendre le risque c’est pourquoi je décidais de m’élancer et de lui faire une prise pour le déstabiliser. Avant d’utiliser un batarang, ou tout autre gadget je préférais utiliser ma maitrise des arts martiaux. Il avait beau être un pyromane, je n’envisageais pas de le blesser, juste de le mettre hors d’état de nuire.